1er dimanche de l’Avent

Advent, Bougie, L'Obscurité, La Couronne De L'Avent

Lectures du 1er dimanche de l’Avent

Le temps de l’Avent est un temps d’attente, un temps de veille, un temps de promesse. En ces semaines on évoque déjà Noël : ce sera différent. Mais est-ce que le Seigneur vient ajouter un refrain à cette litanie du Noël 2020 prévu différent ? Viendrait bien pour trancher un beau texte d’Isaïe : « Mon enseignement ruissellera comme la pluie, ma parole descendra comme la rosée, comme l’ondée sur la verdure, comme l’averse sur l’herbe. » On y reviendra à cette eau, à cette fraîcheur qui nous réjouira.

On parle de temps quand il s’agit de conjuguer les verbes. C’est autre chose que de parler du temps de l’Avent, celui dans lequel nous entrons. Mais attention aux confusions. On dirait que c’est normal de conjuguer au futur durant l’Avent. L’Évangile semblait nous faire entendre : : « Veillez , restez éveillés parce que vous ne savez pas quand ce sera le moment. » Il faudrait aller voir le texte grec, dirait un exégète : parce que le texte dit « vous ne savez pas quand c’est le moment ». C’est au présent ! J’allais voir dans une bible qui semblait confirmer alors qu’on parlait du retour du maître de maison : vous ne savez pas quand il va venir. Vous pensiez que l’appel devait encore se faire entendre. Restons en stand-by, alors ? Pourtant si nous avons été attentifs, notre traduction nous disait : « vous ne savez pas quand vient le maître de la maison. » Tiens, tiens, c’est au présent. Qui dit juste ?

Un peu de musique pour être attentifs : choisissons bien. Pour ne pas sombrer dans le sommeil, je prendrais volontiers la cantate du veilleur. « Wachet auf, ruft uns die Stimme » fait chanter J S. Bach. Mélodie bien connue ; quant au texte, le voici : « Réveillez-vous, la voix nous appelle » Petite confirmation de notre problème de conjugaison. La voix nous retire du sommeil, ce n’est pas pour dire qu’on pourrait se rendormir pour se réveiller plus tard !

Cela nous invite en fait à changer complètement notre manière de comprendre un texte qui appelle à veiller, avec un appel quant à notre manière de vivre l’Avent et le reste. Attendre n’a rien à voir avec s’ajuster à un planning divin. On voit l’affaire ! Les promesses vont se réaliser : connectez-vous au bon moment. Les effets de trop de vidéo conférences en marquent peut-être beaucoup de ces temps-ci, mais le texte biblique nous y fait échapper.

Mieux que se synchroniser avec Dieu, avec son action, à la manière d’avoir peur de rater la messe télévisée en laissant passer l’heure ! Plus important : c’est ajuster notre désir de l’entendre à son désir de se faire connaître. Nous entrons dans l’Avent mais rien à voir avec se contenter d’être en attente de la date 25 décembre. Laissons faire le calendrier … rien de bien évangélique là-dedans.

La période de confinement est peut-être comme une période de désert où l’aridité du moment fait désirer la fraîcheur et la bonté que la visite d’un ami signifierait. Une image forte exprime magnifiquement cela « Ah, Seigneur, si tu déchirais les cieux, si tu descendais… » C’était dans la première lecture. Le cœur qui attend juste le moment, la date et le jour risquerait de ne rien voir, de ne rien entendre. Mais le prophète qui raconte cela a veillé, il a su reconnaître le moment, l’occasion que Dieu avait choisie parce que de tout son cœur, il a veillé et il nous redit ceci, même avec le décalage des siècles : comme une pluie généreuse qui a déjà rendu vie à la terre aride que vous êtes, Dieu est là qui vous visite, comme une averse sur l’herbe que vous êtes et qui va en reprendre vigueur. Laissez résonner l’appel à vivre irrigués par la présence de Dieu, maintenant. Le Seigneur est là, laissez résonner ce que sa parole dit et vivez ainsi de sa présence. Veiller, c’est reconnaître les défis que le temps présent nous lance et y répondre sans délai. Laissons résonner les paroles du prophète et qu’elles deviennent invitation à reconnaître maintenant, dans notre temps, comment Dieu est à l’œuvre en cet âge que nous vivons. « Voici que tu es descendu…Nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui t’attend. Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins. »

Dispositions d’écoute, type de regard, il faut veiller. Veiller comme Jésus nous y appelle, redécouvrons-le, c’est « pratiquer avec joie la justice », c’est se laisser visiter par le Seigneur à des moments qu’avec lui nous inscrivons dans nos vies. Qu’on ne se trompe pas. Ce sont des rendez-vous avec lui, mais pas de ceux qu’on écrit dans les agendas. Ce sont bien plutôt des moments marqués… par sa présence quand on a veillé à l’amour en comptant sur lui.

Wachet auf, ruft uns die Stimme https://www.youtube.com/watch?v=DqZE54i-muE

Wachet auf, ruft uns die Stimme https://www.youtube.com/watch?v=Lz0FmmNrTck