Homélie de la messe du lancement du 3/10/21

En parlant de graine de moutarde, c’est une invitation à la foi qui peut venir en nous. Si la foi, vous en aviez gros comme une graine de moutarde.  Un refrain disait qu’on pouvait, selon les paroles de Jésus, avec ce minimum de foi, faire déplacer des montagnes. Un refrain souvent repris avec les enfants, ceux comme qui il est préférable de rester, si on veut vraiment accueillir le royaume de Dieu.

Le chantier qui fait mettre en place des unités pastorales n’est pas une montagne à déplacer, mais soyons comme des enfants, dans la confiance en leur père du ciel, pour ne pas que nos appréhensions deviennent des montagnes quand il faut changer nos manières de faire Église, quand il faut pour faire route ensemble, changer nos habitudes, que tout cela, nous n’en fassions une montagne.

C’est vrai que nos mentalités changent, on râle et on s’exaspère dans un monde plein d’illusions qui met à notre portée, soi-disant parce que c’est à portée de clics, dans une réalité gonflée de virtuel, toute sorte de biens qui nous encombrent le cœur. Des machines traitent ainsi pour nous des montagnes d’informations mais cela laissera toujours que notre cœur, parfois, pour accueillir vraiment une seule parole, prendra bien du temps, le temps d’une conversion.,

Là aussi, la foi dire qu’il me soit fait selon ta parole, renverse des montagnes.

L’Évangile parle ici d’un projet, une promesse de Dieu qui a pris corps avec Jésus : le royaume des Cieux. Juste à l’inverse de ces biens dont le monde actuel fait naître un désir compulsif. Ou de ces inquiétudes dont nous avons du mal à nous mettre quitte. Le royaume, ce qu’on accueillera avantageusement avec une foi aussi radicale que la confiance d’une enfant, c’est à vivre au bout d’un chemin. Nous nous mettons en route vers la fondation d’unités pastorales, ce n’est pas le Royaume, mais c’est l’espérance du Royaume qui doit nous y conduire. Et accueillant la Bonne Nouvelle d’aujourd’hui, nous comprenons la conversion à vivre. On désespère trop vite de ce qui demande du temps. Demandons-nous pourquoi il faut un peu de temps : parce que c’est respecter le temps d’une croissance spirituelle, le temps de découvrir les obstacles qui sont en nous et dans nos habitudes à changer, le temps surtout, pour faire route ensemble, pour se connaître, se respecter avec nos différences. C’est le chemin non seulement d’une collaboration qui nous arrange, mais d’une communion qui nous enrichira. Cela reste un défi qu’on ne peut relever qu’avec l’Esprit d’unité l’Esprit qui fait de nous un seul corps dans la diversité de ses membres et de leurs charismes.

Pour avancer, ne perdons pas de temps, car la loi d’amour de l’Évangile dit aussi l’urgence de donner du temps du temps aux autres, comme on donne du temps au Seigneur dans la prière pour recevoir notre vie de lui. Vivre notre foi, c’est autant apprendre à vivre du Seigneur que remplir une mission de chrétien comme un devoir à accomplir indifféremment avec lui ou sans lui. C’est avec lui ou bien nous nous faisons illusion.

Et de la même manière, notre vie chrétienne, c’est répondre à un appel à faire les choses ensemble, et pour cela avoir envie de mieux se connaître, de trouver notre richesse dans notre complémentarité et de laisser l’Esprit du Seigneur souffler cet ajustement les uns aux autres dans l’amour.

On pourrait calculer plutôt que de se rendre disponible à Dieu, chercher par nous-mêmes l’efficacité. Mais quoi alors si les autres ne semblent pas les bons équipiers à nos yeux. Non, le Royaume à construire, pour qu’il grandisse, il faut compter sur l’Esprit d’amour, sur la présence d’un Dieu aimant en chacun de nous. Il grandira vraiment par la fraternité de tous ceux qui n’y attellent pas par l’optimisation d’une structure de fonctionnement où il n’y aurait pas la moindre miséricorde, la moindre bienveillance.

Pourquoi donc le royaume devient-il si grand alors qu’il n’était que deux fois rien quand son projet a frappé à la porter de notre cœur ? Pourquoi ? C’est moins une question qu’un appel à contempler sa croissance. Contempler, voir avec le cœur, c’est rendre grâce pour ce que tous y apportent.

Il grandit avec le temps et en même temps, il demande cette conversion du cœur à ne former dans le Seigneur qu’un seul cœur. C’est aussi constitutif de notre mission. Élargir nos cercles car c’est nous affranchir de ce qui serait méfiance ou indifférence C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples, dit un jour Jésus. C’est un test, une balise pour être sûr que le fonctionnement ne se pervertit pas ; ne devient pas stérile. Gardons l’image de ce grand arbre qui n’était qu’une graine insignifiante et qui peut de plus en plus accueillir tout le monde sous son ombrage.