Homélie du 25 octobre 2021

Difficile de se mettre dans le personnage de Bartimée. Nous imaginons peut-être la manière dont la foule le rabroue et cela nous fait mal d’imaginer combien seul et ignoré peut être cet aveugle mendiant. « Laisse-nous tranquilles », lui dit-on, sans se rendre compte du mépris, de cette condamnation à une misère où il ne peut que survivre. Et pourtant, il a entendu parler de Jésus. Il attend le salut et celui que Dieu enverra comme sauveur. Il devine la présence du Sauveur sans doute bien mieux que beaucoup d’autres.

La foule, elle est toute en effervescence. En accompagnant Jésus, pour une partie d’entre elle. Elle est de toute façon fort agitée quand elle doit laisser passer ce cortège de gens pauvres ou estropiés qui viennent mendier une guérison près du Maître. Mais voilà que Jésus s’arrête et fait appeler Bartimée. Retournement. Celui qu’on mettait de côté prend la première place dans l’attention de Jésus. Et formidable, voilà dans la masse des gens que l’appel de Jésus se transmet. Plus rien de la demande de tranquillité mais bien l’invitation à rejoindre Jésus : « Confiance il t’appelle ». Formidable : la foule qui aurait pu encore faire obstruction à la rencontre avec Jésus encourage maintenant à la confiance.

Cela peut vraiment nous éclairer. Comment sommes-nous des relais pour faire approcher de Jésus, pour faire grandir la confiance en lui ? Comment voyons-nous les mendiants d’aujourd’hui, comment comprenons-nous qu’il y a dans le cœur de bien des personnes un manque vital d’amour, quelque chose qui les rend aveugles et qui ne leur permet pas de vivre avec la dignité de donner le meilleur d’eux-mêmes ? Cette foule qui laisse émerger des personnes qui font aller à Jésus et qui stimulent à la confiance, nous en sommes pour devenir des relais d’évangile. Nous en sommes même d’autant plus que Jésus semble nous dire encore pour pas mal de personnes : je peux leur ouvrir le cœur, je peux ouvrir les yeux sur le vrai monde, celui où l’amour fait vivre. Je peux les guérir de toute misère et des blessures que les dédains, les oublis, les indifférences font sentir.

Une eucharistie, c’est l’occasion de nous arrêter pour mieux repérer que Jésus s’arrête, qu’il se fait présent encore aujourd’hui et qu’il nous donne une force d’amour, qu’il nous éclaire par la confiance en ce que l’amour peut dépasser comme difficulté.

Le message de salut de l’Évangile, c’est la lumière dans la nuit d’un monde qui fonctionne cruellement en excluant beaucoup de personnes. Serons-nous ses témoins, laisserons-nous l’appel de l’Évangile pour que nous nous encouragions les uns les autres à partager les fruits que l’Esprit d’amour peut faire grandir dans nos cœurs ?
Allons avec confiance vers Jésus, forts de tout ce qu’il peut faire comme merveille.