Pour préparer le café philo de ce lundi 31 …

A la suite de nos échanges sur les inégalités, nous aborderons le thème de l’homosexualité ce lundi 31 janvier …

sur France Culture

https://www.franceculture.fr/societe/lhomosexualite-est-elle-un-choix et

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/retro-sodome-1ere-diffusion-17011988sur les représentations de l’homosexualité
en littérature on peut aussi charger Corydon oeuvre de Gide qui a ce sujet comme décor

https://ebooks-bnr.com/ebooks/pdf4/gide_corydon.pdf
Dans la littérature occidentale moderne, mais également dans la société, aucune place n’est accordée à une sexualité alternative au modèle commun hétérosexuel, et cela Gide ne peut l‘admettre.
D‘autant plus qu‘il n‘a de cesse dans Corydon d‘expliquer que la norme, si tant est qu‘il faille l‘appeler comme cela, a beaucoup évoluée dans le temps (ce que plus tard Michel Foucault théorisera en écrivant que « la norme est vide »). Une large place est accordée aux moeurs grecques qui mettaient en valeur l’amour plus que fraternel entre citoyens, voire entre soldats. Un amour qui selon André Gide est un bien tant pour l’homme que pour la femme, l’auteur ayant expliqué longuement dans un premier dialogue combien les deux sexes appréhendent différemment les rapports amoureux. S’appuyant sur de nombreux auteurs classiques tels Virgile ou Dante Alighieri, Gide tente d’expliquer, non sans parfois une certaine mauvaise foi et souvent une solide misogynie, que l’homosexualité, loin d’être répréhensible comme la société hétérocentrée veut nous la montrer, est bénéfique à tous. Texte fondateur, mythique pour beaucoup, en tout cas très intéressant, on sent que Corydon est un manifeste cher à son auteur ; il le sera également à nombre de ses lecteurs
Dès le premier dialogue de Corydon, il veut parler de l’homosexualité non pas en obgjecticant mais en pointant son regard sur l’homme, comme la littérature peut le faire
— Ce n’est donc pas en médecin que vous comptez parIer ?
 — En médecin, en naturaliste, en moraliste, en sociologue, en historien…
 — Je ne vous savais pas tout cela.
 — C’est-à-dire que je prétends n’y point parler en spécialiste, mais en homme. Les médecins qui d’ordinaire traitent de ces matières n’ont affaire qu’à des uranistes honteux ; qu’à des piteux, qu’à des plaintifs, qu’à des invertis, des malades. Ceux-là seuls viennent les trouver. En tant que médecin, c’est bien aussi de ceux-là que je soigne ; mais, en tant qu’homme, j’en rencontre d’autres, ni chétifs, ni plaintifs, — c’est sur eux qu’il me plaît de tabler.
 — Oui ; sur les pédérastes normaux !
 — Vous l’avez dit. Comprenez-moi : l’homosexualité, tout comme l’hétérosexualité, comporte tous les degrés, toutes les nuances : du platonisme à la salacité, de l’abnégation au sadisme, de la santé joyeuse à la morosité, de la simple expansion à tous les raffinements du vice. L’inversion n’en est qu’une annexe. De plus tous les intermédiaires existent entre l’exclusive homosexualité et l’hétérosexualité exclusive. Mais, d’ordinaire, il s’agit bonnement d’opposer à l’amour normal un amour réputé contre nature — et, pour  plus de commodité, on met toute la joie, toute la passion noble ou tragique, toute la beauté du geste et de l’esprit d’un  côté ; de l’autre, je ne sais quel rebut fangeux de l’amour..